1567 – En cette année a eu lieu le renouvellement général de l’état des biens et rentes de la noble abbaye de Masevaux, seigneurie dont fait partie Bourbach-le-Bas. Ce document compte aussi le recensement fait au village les 13 et 14 juin 1569 par les responsables de l’opération avec l’aide des habitants, à savoir Claus Tschierhart, Hanns Welsch, Ludwig Kachler, Claus Ehrhardt, Hanns Gullin, Claus Ruotchen en tant que jurés.

 

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Voici la liste des redevables avec leur numéro d’ordre :

302 Les héritiers de Caspar Koenig                     318 Claus Ruotch

303 Georg Bissantz                                     319 Hanns Grotschann

304 Thenige Kachler                                    320 Bastian Petter

305 Hanns Bissantz                                     321 Philips Weber

306 Melchior Jehn                                      322 Dieboldt Kachler

307 Georg Zschierhardt                                 323 Mathis Bisantz

308 Jakob Yelsch                                       328 Hanns Gullin

309 Hanns Ugelin                                       329 Peter Mulschey

310 Hanns Franck                                       330 Junckherr Hanns Christhofen von Hagenbach

311 Conrad Friedrich                                   331 La commune de Bourbach le Bas

312 Hanns Bisantz                                      334 Gilg Haffner, Maire seigneurial

313 Claus Zschierhard

315 Mathis Kachler

316 Claus Reychardt

317 Ludwig Kachler

Le village est alors habité par 20 foyers fiscaux dont il ne reste à l’heure actuelle que deux familles : les Jenn et les Gulling qui, depuis plus de 450 ans, sont restées présentes.

Mais parmi tous ces contribuables, notre attention va se porter plus particulièrement sur l’assujetti n° 330, le noble Hanns Christhofen von Hagenbach qui est imposé pour l’exploitation de 8 parcelles de terres cultivées.

Cette liste fiscale va nous permettre de déterminer l’origine de l’appellation du lieu-dit « Herrahof », origine qui a toujours semblé mystérieuse aux habitants de la commune.

La présence de l’exploitation agricole de Junckherr en est très certainement la cause. La disposition des immeubles telle qu’elle apparaît encore sur le plan cadastral de 1893 évoque la géographie typique d’une ancienne ferme alsacienne, d’un «Hof» exploité par le noble assujetti. Le « Hof » est en effet le terme alémanique qui désigne une propriété rurale, dénomination que portent les propriétaires en dehors de leur patronyme : c’est le « Hofnahme » qui se transmet de génération en génération et encore de nos jours.

Cette thèse est confortée par le fait que la puissante famille des Hagenbach, révélée au XIIIesiècle, possède des droits sur les hommes de Saint Léger, saint patron de l’abbaye de Masevaux, c’est-à-dire qu’elle bénéficie d’une main-d’œuvre gratuite que doivent lui fournir les sujets de la seigneurie dont notre village fait partie.

Hanns Christhofen von Hagenbach n’est pas un descendant du célèbre Peter von Hagenbach avec lequel il a cependant des ancêtres communs. Il appartient à une branche latérale dite des Hagenbach-Butweiller car ils possèdent également des droits sur ce village, nommé aujourd’hui Buethwiller, petite localité voisine au nord de Hagenbach. Il a pour épouse Ottilia Waldner von Freudenstein. En 1573, il va habiter Ensisheim où il a été nommé Stadtvogt (avoué) et il décèdera en 1592. Cette lignée va s’éteindre avec la dernière légataire universelle qui sera Maria Anna von Hagenbach, abbesse de l’abbaye de Masevaux élue en 1756.

La possession de la ferme seigneuriale de Bourbach-le-Bas par Hanns Christhofen von Hagenbach ainsi que la direction de l’abbaye par Maria Anna von Hagenbach illustrent bien les relations étroites de cette famille avec la seigneurie masopolitaine.

En conclusion, le «Herrahof» n’est pas l’ancienne cour d’un château mais plus prosaïquement une ferme seigneuriale.

Jean Lauter

Sources : Bergha N° 71, page 1569 – Texte du renouvellement des biens et rentes.

Das Sundgauerdorf Hagenbach, par Oscar Zink – 1964

Histoire de Masevaux et son abbaye, par Pirmin Tresch.